Cependant, le haut lieu touristique qu’elle représente au sein d’un ensemble classé au patrimoine mondial, n’en valorise que mieux sa dimension de sanctuaire marial depuis le IXe siècle. Ce haut lieu spirituel voit, d’une manière très particulière, le passage de personnes venues des quatre coins du monde, avec leur culture, leurs coutumes, leurs langues. Combien sont émouvantes les intentions de prières, écrites en toutes les langues, au pied de Notre Dame de tout pouvoir et déposées sur l’autel majeur à la fin de la Prière universelle dominicale !
Le concile Vatican II a voulu que dans le rassemblement de la prière, les fidèles soient reconnus dans leur diversité. Dans le souci que soit compris et exprimé le contenu de la foi commune, la multiplicité des langues vivantes est légitimement admise dans la liturgie, selon le génie inventif et le zèle pastoral de chaque église locale,
On ne peut accuser le concile Vatican II, de nostalgie ou de retour en arrière lorsqu’il reconnait : « La tradition de l’Eglise universelle a créé un trésor d’une inestimable valeur… L’Eglise reconnait dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales, d’ailleurs, doit occuper la première place ». (Sacro-Sanctum concilium N° 112 et 116). Dans ce contexte, et à plusieurs reprises, le pape Paul VI avait demandé que les fidèles conservent la richesse commune traditionnelle du répertoire latin et grégorien. (Audience générale du 22 août 1973. Discours du 12 octobre 1973. Lettre au cardinal Villot , à l’assemblée sainte Cécile 30 septembre 1973….) . A Pâques 1974 et pour concrétiser cette orientation dans le droit fil de la constitution sur la liturgie du concile, la congrégation pour le culte divin, publiait un recueil « Jubilate Deo » qui n’a rien perdu de sa valeur. Dans le bref « Jubilari feliciter » de 1980, le pape saint Jean Paul II soulignait que le grégorien reste le lien musical qui unit les catholiques, qui fait sentir l’unité de l’Eglise. Effectivement, chanté à plusieurs, le répertoire grégorien est « Polyphonique », car chaque voix y a sa place, aucune ne domine. Il devient le chant de l’unité, dans la fusion des âmes venues de partout, comme des voix.
A Notre Dame des Doms, un équilibre est recherché entre chant grégorien populaire et chants nouveaux. A chaque messe est chanté une partie de l’ordinaire latin et grégorien avec des cantiques en langue vivante, choisis dans les compositions musicales actuelles, les plus enracinées dans l’Ecriture, la prière et la vie spirituelle.
Il y a aussi la langue et les chants de la tradition provençale, recommandés par la Commission pour la langue d’Oc à l’Eglise, formée de représentants des divers diocèses de Provence et du Languedoc.
Tout cela pour répondre d’une manière la plus juste, à la profondeur du mystère célébré. La métropole, est vraiment au cœur de la cité et du diocèse, l’église mère qui prend soin de tous ceux qui, venus de partout, veulent autant que possible, louer et adorer Dieu à l’unisson des cœurs et des voix.
D.B. +
« Il faut rendre aux hommes une signification spirituelle, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien »
Antoine de Saint-Exupéry. Lettre au général X. 30 juillet 1944.