« Dieu nous aima d’amour de complaisance car ses délices furent d’être avec les enfants des hommes et d’attirer l’homme à soi, se rendant homme Lui-même » médite saint François de Sales. La contemplation du mystère inouï de l’Incarnation est à l’origine de la crèche, particulièrement riche dans la tradition catholique provençale.
La piété médiévale s’attacha très vite au réalisme de l’humanité du Christ et son humilité. Popularisant les pratiques religieuses des moines contemplatifs ou mendiants, l’art scénique lui-même le faisait revivre dans la représentation des Mystères de la sainte Enfance du Seigneur. La prédication en faisait son thème privilégié, notamment saint Bernard.
Au XVIIe siècle avec la théologie mystique de l’Incarnation du mouvement de l’Ecole française, les familles spirituelles de l’Oratoire et le Carmel ont présidé au devenir de la Crèche, établissant à cette époque un cycle de 40 jours, qui commence le soir de Noël et se prolonge jusqu’au 2 février, fête de la Purification. Cette quarantaine de Noël s’enracinera profondément en Provence, avec toute une série de traditions propres, dont une certaine renaissance actuelle se doit de ne pas perdre les racines et la symbolique résolument évangélique.
C’est le 2 février, fête de la Chandeleur ou « Fête des Lumières », que prend place, éphémère mais chargée de pédagogie visuelle et de sens spirituel, « La crèche blanche ». La coutume veut que la crèche de Noël traditionnelle soit remplacée par l’illustration du passage de l’Ecriture qui relate la cérémonie juive, quarante jours après la naissance d’un garçon premier-né, où Jésus fut présenté à Dieu son Père, dans le temple de Jérusalem. Il y est proclamé « Lumière des nations » par le prophète Syméon. Les bases scripturaires en sont : "Lévitique XII,1-8. Exode XII, 2-11. St Luc 2,22-33).
Pourquoi ce nom de Crèche Blanche" ? La raison en est qu’on tendait des draps blancs pour masquer la crèche de Noël pas encore démontée ; Ces draps servaient alors de fond à la reconstitution de la Présentation du Seigneur au Temple, avec des personnages spécifiques ou des santons que l’on rhabillait spécialement pour la circonstance.
Tout ceci pour mieux évoquer « la Rédemption copieuse, abondante, surabondante, magnifique et excessive » (St François de Sales).